Une empreinte encore visible

Verglas de 1998

Le Montarvillois Jean N. Laflamme, ingénieur, physicien et météorologue, propose de se promener dans la municipalité de Saint-Bruno-de-Montarville afin de découvrir l’empreinte du verglas de 1998.
Selon Jean N. Laflamme, l’empreinte du verglas de 1998 est encore visible aujourd’hui, même 20 ans plus tard. Celui de 1983 et même celui de 1961 sont aussi visibles. Cependant, celui de 1942 n’est plus visible.
M. Laflamme précise : « Étant située dans le couloir d’air chaud et humide en hauteur de la vallée du Richelieu du couloir de la vallée du Saint-Laurent qui lui apporte de l’air froid près du sol, notre ville se trouve dans un endroit propice à la pluie verglaçante. La présence de nombreux arbres lui permet d’en garder la mémoire. »
Avec la participation d’un ingénieur forestier, Julien Rivest, et d’un climatologue, Gilles Périard, Jean N. Laflamme a développé un système d’évaluation des tempêtes de verglas pour les besoins d’Hydro-Québec. Ce système se base sur la surveillance et l’étude des têtes de conifères. « La valeur maximale d’intensité du verglas était exprimée en Épaisseur Radiale Équivalente (ERE) sur un conducteur de 30 mm de diamètre grâce à des observations sur des lignes électriques à proximité », explique-t-il.

« Notre ville se trouve dans un endroit propice à la pluie verglaçante. » -Jean N. Laflamme

Ce système d’observation a été très utile en 1998 pour M. Laflamme et ses collègues, puisqu’à la fin de la tempête de pluie verglaçante, le 10 janvier, toute la glace a fondu en raison de la pluie et d’un réchauffement des températures. « Personne, pas même le meilleur chercheur de l’Institut de recherche d’Hydro-Québec, n’a pu voir ou trouver au sol assez de morceaux de glace pour estimer les ERE de cette tempête, indique le Montarvillois. Le 26 janvier 1998, quand un hélicoptère est devenu disponible, nous avons pu survoler l’ensemble de l’empreinte de cette immense tempête, en estimer l’ERE sur tout le territoire survolé et en tracer une carte grâce à la signature du verglas sur les arbres. »
En 2007, M. Laflamme et son équipe ont vérifié l’état du sommet des conifères sur le territoire de Saint-Bruno-de-Montarville. « Il y a plusieurs années, la plantation de conifères avait été à la mode : nous avons donc pu voir l’état des cassures un peu partout dans la ville. » Il donne un exemple près de la Ferme florale de Saint-Bruno, terrain sur lequel se trouvait un groupe de 19 épinettes, dont 17 avaient eu la tête cassée en 1998. Seize des 17 têtes cassées avaient repris leur croissance, l’autre a séché. M. Laflamme reprend : « Cette proportion de 17 têtes cassées sur 19 nous amène à une ERE d’environ 50 mm pour Saint-Bruno et les environs. Près de chez moi, sur la place de Bedford, nous avons eu la surprise de voir que des têtes ou houppiers cassés de feuillus avaient repris leur croissance. Cette observation était une première pour nous, car les gros verglas au Québec avaient surtout brisé des têtes de conifères. »
L’ingénieur, physicien et météorologue rappelle qu’en 1998, à la suite de la crise du verglas, les rares arbres situés dans la vallée du Richelieu ont été complètement détruits. « Au sud de Granby, la tempête a donné de la pluie ordinaire, sur l’île de Montréal un mélange de pluie verglaçante et beaucoup de grésil, qui n’adhère pas aux arbres. Mirabel a reçu beaucoup de neige. » M. Laflamme rappelle que plusieurs tempêtes, plus intenses que celle de janvier 1998, ont été constatées depuis le début des années 1970 : sur le mont Bélair près de Québec, sur la Côte-Nord et sur la Basse-Côte-Nord. « Toutefois, aucune de ces tempêtes n’avait la dimension de celle de janvier 1998 parce qu’elles étaient causées par une topographie locale et occupaient une superficie restreinte. »

QUESTION AUX LECTEURS :

Quelles traces gardez-vous de la crise du verglas?