L’impact sur la mémoire collective
Si 20 ans après un événement la société en parle encore, c’est parce qu’il a marqué l’imaginaire commun. Tour d’horizon sur la mémoire collective des citoyens de Saint-Bruno-de-Montarville, Sainte-Julie et Boucherville. Se souvient-on plus du positif ou du négatif?
Il va de soi que personne n’a vécu cette crise climatique de la même manière. Alors que plusieurs ont pu rester à leur domicile grâce à leur source de chauffage alternative, d’autres ont dû trouver refuge ailleurs. Une partie des Québécois tire de cet événement des souvenirs tout de même agréables, malgré les temps durs.
Moments rassembleurs pour les uns
C’est le cas notamment pour Julie Langlois, une citoyenne de Boucherville : « Curieusement, mes souvenirs n’ont rien, ou presque, de négatif. Ce dont je me souviens le plus, c’est l’entraide, la solidarité, d’avoir été accueillie chez des amis et d’avoir fait une foule d’activités. Mais ce n’est pas pour autant que j’aurais envie de revivre ça! »
« Curieusement, mes souvenirs n’ont rien, ou presque, de négatif […] Mais ce n’est pas pour autant que j’aurais envie de revivre ça! » – Julie Langlois
Même son de cloche pour la Montarvilloise Nathalie Villeneuve qui, malgré les soucis de tous les jours avec quatre enfants à sa charge et plusieurs dommages sur sa maison, aime se rappeler ces moments figés dans le temps, des jeux de société et de l’entraide.
Certains racontent aussi que quelques cinémas offraient des représentations de films gratuitement. Ils sont plusieurs à en avoir profité pour visionner Titanic et Les Boys.
Les personnes qui n’étaient que des enfants en 1998, comme Kim Thériault de Saint-Bruno, se rappellent avoir été très heureuses d’apprendre que leur congé des Fêtes s’étendait plus longtemps que prévu. « C’était notre petit bonheur, on était naïfs, on pensait qu’on avait juste congé plus longtemps et qu’on jouait à des jeux avec notre famille. »
Épisodes traumatiques pour d’autres
D’autres personnes, lorsque questionnées sur leur vécu concernant le verglas, ont raconté des histoires plutôt négatives, voire traumatisantes.
Plusieurs d’entre elles, rencontrées par Les Versants, ont tout simplement voulu aller à autre chose, cet événement étant du passé. Le Julievillois Sylvain Desjardins garde un souvenir très vif de ses mésaventures : « Je suis resté coincé chez moi, je ne pouvais pas sortir. Je m’en souviens comme si c’était hier et c’est un très mauvais souvenir pour ma part, je préfère ne pas me remémorer cette catastrophe. »
Rappelons aussi que nombre de gens ont travaillé sans arrêt pour venir en aide aux sinistrés, comme les bénévoles, les pompiers ou les policiers. C’est le cas notamment pour Jean-Guy, qui préférait taire son nom de famille; il était pompier à temps partiel. « Pour mon cas, j’ai fait des journées de 12 heures pendant à peu près deux semaines, mais il y en a qui en ont fait bien plus, raconte-t-il. Je me rappelle que c’était vraiment dur mentalement et physiquement et il y avait des gars qui avaient aussi des problèmes à leur maison. »
Il y a autant de versions que de personnes qui ont été touchées par la crise du verglas, soit plus de deux millions. Peu importe le dénouement, ces intervenants se sont dit « plus jamais » et en ont tiré une expérience pouvant leur servir éventuellement dans une autre crise.