Prendre soin des abeilles
Projet de réinsertion sociale
Prendre soin des abeilles permet à une dizaine de gars de l’Accueil Bonneau de développer une passion pour l’apiculture et de retrouver un sens à leur vie. Ce projet de réinsertion sociale a touché l’un d’eux, Mario Brodeur, rencontré par Les Versants.
Depuis 2014, l’Accueil Bonneau permet à ses gars de trouver un sens à leur quotidien et de mettre un baume sur leur cœur en s’initiant à l’apiculture urbaine.
Mario Brodeur, l’un des gars que le journal a questionné sur le toit du Métro Riendeau de Sainte-Julie, a vu sa vie changée depuis qu’il s’implique dans ce projet. « Au lieu de mendier dans le métro ou de quêter dans la rue, je m’occupe des abeilles. Ça me permet de gagner un peu d’argent », raconte-t-il.
Il ajoute : « S’occuper des ruches, c’est spécial. On apprend beaucoup, et c’est aussi l’occasion de sortir du béton pour découvrir la nature. »
« Nous sommes comme une colonie d’abeilles. » -Mario Brodeur
Son implication lui a notamment permis d’obtenir un logement supervisé, ce qu’il ne pouvait s’offrir auparavant. « C’est grâce au programme si j’ai eu mon appartement. Ils ont vu mon sérieux pour le projet, mon intérêt pour les abeilles », explique Mario Brodeur.
Avantages
D’après lui, le projet d’apiculture urbaine offre plusieurs bénéfices aux gars de l’Accueil Bonneau, dont socialisation, confiance, stabilité, responsabilité. « Nous avons beaucoup de responsabilités quand on prend soin des abeilles. Dans la rue, je n’avais pas besoin d’être responsable. »
Mario Brodeur compare d’ailleurs l’Accueil Bonneau à une ruche : « À l’intérieur comme à l’extérieur, nous sommes comme une colonie d’abeilles. Ça travaille fort. »
Occuper son temps
Aussi, toujours grâce à l’Accueil Bonneau, Mario Brodeur soutient qu’il est devenu musicien et artiste. Il joue de l’harmonica avec d’autre gars de l’organisme et ensemble, ils recueillent parfois des fonds. « Je me consacre à la peinture et je prends soin des abeilles deux fois par semaine. C’est d’ailleurs la première fois, cette saison, que je m’investis de façon régulière dans le programme », continue Mario Brodeur, qui sera bientôt âgé de 60 ans. « Dormir dehors à mon âge, ça comment à être difficile pour le corps », dira-t-il en entrevue.
À 18 ans, Mario Brodeur ne savait ni lire ni écrire. Il s’est retrouvé à la rue. Il a eu des emplois de concierge et de plongeur et il a voyagé, souvent sur le pouce, jusqu’à Vancouver. « L’hiver, je partais en Floride. »
Depuis qu’il côtoie l’Accueil Bonneau, il se sent plus responsable et autonome. « Je préfère ma vie aujourd’hui. »
Un miel porteur d’espoir
Prendre soin de ces insectes permet aux gars de l’Accueil Bonneau de développer une passion pour l’apiculture et de retrouver un sens à leur vie. Ils comprennent l’importance des abeilles sur la biodiversité et l’apport de l’apiculture urbaine au déclin mondial de celles-ci; ils sentent qu’ils y jouent un rôle. Participer au processus de A à Z leur permet de développer des compétences transversales pour leur réinsertion sur le marché de l’emploi : travail d’équipe, fait d’être consciencieux, aptitudes de mise en marché et de marketing… « En leur apportant un sentiment d’accomplissement et de valorisation, ce projet permet à nos gars de reprendre confiance en eux et de sentir qu’ils peuvent faire une différence, qu’ils ont une place dans notre société », soutient le directeur de l’Accueil Bonneau, Aubin Boudreau.
L’Accueil Bonneau a ouvert ses portes à Montréal en 1877.