Yvonne Rousseau, la doyenne
Club de l’âge d’or de Saint-Bruno-de-Montarville
À 101 ans, Yvonne Rousseau est la doyenne parmi les 693 membres du Club de l’âge d’or de Saint-Bruno-de-Montarville. Le journal est allé à sa rencontre dans un CHSLD de Boucherville, à la recherche des souvenirs de celle qui a été présidente du Club, de 1980 à 1986.
Parfois, à plus de 100 ans, il se peut qu’il y ait des journées plus difficiles que d’autres. Pour Yvonne Rousseau, ça arrive de temps en temps, comme ce fut le cas lors de sa rencontre avec Les Versants. Les souvenirs ne remontent pas aussi bien à la surface. C’est ce que sa fille Francine nous glisse au moment de l’entrevue : « Aujourd’hui, ce n’est pas une bonne journée… »
Non seulement Yvonne Rousseau est la doyenne de l’organisme, mais elle fait partie des membres fondateurs du Club de l’âge d’or de Saint-Bruno-de-Montarville, créé en 1972. Un hommage lui sera d’ailleurs rendu lors d’un événement spécial célébrant le 45e anniversaire. Mais Mme Rousseau n’y sera pas. Ses jambes n’arrivent plus à la supporter. « C’était un beau mouvement, qui nous a empêchés de vieillir trop vite et qui m’a permis de conserver des souvenirs de jeunesse », mentionne Yvonne Rousseau.
Avec l’aide de sa fille, elle raconte qu’à l’époque, l’idée était de former un regroupement social pour pallier le manque d’activités dans Saint-Bruno-de-Montarville. « Il n’y avait pas d’organisme. Ce n’était pas intéressant! Nous voulions en faire plus, nous occuper, faire autre chose », explique-t-elle.
« Mes plus beaux souvenirs sont ceux passés avec ma famille. C’est tellement beau, une famille. C’est de l’or en barre! » – Yvonne Rousseau
Parmi les activités qu’elle appréciait davantage, jeux de cartes, baseball poche, danses, soupers organisés, petits voyages… « À ce moment, j’avais l’énergie pour ça. Dans ce temps-là, j’étais capable. C’est dommage de vieillir… on perd toutes ces belles choses, les activités. Aujourd’hui, je ne peux plus me joindre à eux », déplore Mme Rousseau, une mère de huit enfants. Pour elle, il n’y a rien de pire que le vieillissement, qu’elle répétera à plusieurs reprises au cours de l’entrevue. « C’est ce qui me fait le plus de peine : on perd tout avec l’âge et ce n’est pas facile. Les beaux souvenirs vous échappent… Profitez de votre jeunesse, Monsieur! »
Elle a eu bien des amis au Club de l’âge d’or : Gaby Archambault, Mme Tétreault, le Dr Gauthier, le Dr Bonenfant, les notaires Delorme et Leroux, certains d’entre eux faisant partie des membres fondateurs de l’organisme avec elle. Au début, ils étaient une vingtaine de membres, et ensuite, ce nombre a augmenté à une cinquantaine. Yvonne Rousseau a sursauté quand nous lui avons appris qu’ils étaient maintenant près de 700 adhérents. Parmi ces centaines de membres, deux de ses filles, Francine et Christiane.
Pendant les années 80, Mme Rousseau a tenu une chronique mensuelle, « Un coin de mon cœur », dans le journal de la FADOQ La Gerbe dorée. Avec humour ou sensibilité, elle rédigeait des textes et des poèmes, basés sur des faits vécus ou sur l’actualité.
Yvonne Rousseau a eu quelques petits emplois au cours de sa vie. Elle a fait du ménage dans des maisons privées et oœvré à la Crèche d’Youville. Plus tard, elle a été agente de voyage pour des groupes, ce qui lui a permis de faire de petits séjours en Espagne et au Portugal, notamment. Mariée à 21 ans, elle est plus tard demeurée à la maison pour s’occuper de ses enfants. Ensemble à la maison, ils chantaient. « Mes plus beaux souvenirs sont ceux passés avec ma famille. C’est tellement beau, une famille. C’est de l’or en barre!» déclare celle qui est grand-maman 17 fois. « Tous les étés, papa louait une voiture pour aller visiter la famille de maman au Nouveau-Brunswick. C’étaient de beaux moments », se souvient sa fille Francine.
Mme Rousseau vient de Caraquet, au Nouveau-Brunswick. C’est à 15 ou 16 ans qu’elle est arrivée au Québec. « Je suis une Acadienne du Nouveau-Brunswick, et je suis fière de mes origines! J’aime le monde. » Selon elle, il n’y a pas de secret pour expliquer sa longévité, sauf le sens de l’humour et les amis. Qu’est-ce que ça lui fait d’avoir atteint les 100 ans? « Bah, y a rien à faire! C’est sûr que je n’aurais pas cru me rendre à cet âge… encore moins à 101 ans! »