U2 : j’y étais!

Comme près de 79 999 autres personnes, samedi dernier, j’étais du mégaspectacle de la tournée 360 ° du groupe irlandais U2; concert donné sur l’ancien site de l’Hippodrome de Montréal sous un soleil de plomb et, plus tard, une lune orange qui souriait au-dessus de cette immense foule venue accueillir monsieur Bono et sa bande, The Edge, Adam Clayton et Larry Mullen Jr. Avant le 9 juillet dernier, j’avais des difficultés à croire que U2 était le plus grand groupe au monde, comme plusieurs le confirment. Avant le 9 juillet, je n’avais jamais vu de performance en direct de U2. Mais lorsqu’à 21 h 15, le fameux quatuor est apparu sur l’écran géant, en chemin vers l’immense scène circulaire, et que Bono s’est ensuite mis à chanter « Even Better Than The Real Thing », l’émotion ressentie était la même, sinon encore plus forte, que lorsque Mick Jagger, Keith Richard et le reste des Rolling Stones se sont amenés sur la scène du Centre Bell, le 10 janvier 2006, pour lancer « Jumpin’ Jack Flash ». Il s’agissait aussi d’une première. Ces géants du rock ont un grand pouvoir d’attraction, un magnétisme, un charisme, un talent fou pour soulever une foule. Aussi dense soit-elle.

Nul besoin de revenir sur l’événement comme tel, puisqu’il en a été question pendant toute la fin de semaine dans les quotidiens et les bulletins de nouvelles. Par contre, un seul mot de mon expérience, parce qu’il s’agissait évidemment d’une expérience : inoubliable. Pas nécessaire non plus de faire le bilan de la logistique entourant un tel événement. Un seul commentaire cependant : bravo à la STM. Félicitations aussi aux agents de sécurité et aux policiers qui ont fait leur travail et, par la bande, je lance des fleurs aux 80 000 personnes (160 000 si l’on calcule les amateurs des deux soirées) pour leur civisme et leur savoir-vivre; à ce que je sache, il n’y a pas eu de grabuge avant, pendant ni après les concerts. Pourtant, nous savons tous que 20 000 personnes qui sortent d’un Centre Bell peuvent créer toute une émeute, et ce, même dans un moment de bonheur.

L’expérience

L’expérience, c’était d’avoir son billet en main depuis Noël 2009 et de le conserver précieusement jusqu’à la fameuse date du 17 juillet 2010… ou celle, finalement, du 9 juillet 2011. L’expérience, c’était de se rendre compte que la météo prévoyait une température splendide, un « Beautiful Day » pour ce 9 juillet 2011. L’expérience, c’était de quitter la maison plus tôt cette journée-là, non seulement pour avoir de meilleures places au parterre, mais aussi pour éviter la cohue dans les métros, et de voir en chemin un panneau sur l’autoroute Jean-Lesage, à hauteur de Sainte-Julie, annonçant : Sortie Jean-Talon fermée pour cause de concert rock. L’expérience, c’était d’être accompagné de bons amis – dont l’un qui n’aime pas beaucoup les foules –, mais sans savoir ce qui nous attendait après avoir laissé la voiture dans un stationnement de Longueuil. L’expérience, c’était de sortir de la station de métro Namur, de marcher vers le site de l’Hippodrome de Montréal, « Where The Streets Have No Name », puisque la rue Jean-Talon O. et le boulevard Décarie étaient fermés à la circulation, et d’apercevoir au loin la gigantesque structure verte, The Claw, et de réaliser que ce sera immense. L’expérience, c’était d’arriver au parterre et de se rendre compte que nous avions réussi notre mission, que nous étions assez près de la scène et qu’il ne restait plus que quatre heures d’attente. L’expérience, c’était, justement, l’attente, assis par terre, entourés d’inconnus, sous le soleil, et de manger un sandwich pita, parce qu’apparemment, « il n’y avait que ça à manger sur le site », mais de ne pas trouver ça si long, finalement. L’expérience, c’était d’apercevoir Gregory Charles dans les estrades. L’expérience, c’était, à 21 h 15, d’entendre « Space Oddity », de David Bowie, de savoir que le show commençait et de voir ensuite le plus grand groupe au monde faire son entrée sur la scène et amorcer le concert avec quatre titres de l’album Achtung Baby. L’expérience, c’était de danser au rythme des « Mysterious Ways », « Beautiful Day », « Out Of Control », « Elevation », « Vertigo », « City Of Blinding Lights », « Sunday Bloody Sunday », « Where The Streets Have No Name », et de se laisser bercer par « One », « Miss Sarajevo » et « Stuck In A Moment You Can’t Get Out Of », livrée acoustique et en hommage à Michael Hutchence. L’expérience, c’était de quitter le site à 23 h 30, de marcher comme des pingouins sur une banquise et de revenir en navette spéciale et en métro, finalement, trois heures plus tard, à 2 h 30, dans mon patelin de Saint-Charles-sur-Richelieu.

Seul point négatif de la soirée, le couple qui dansait comme des déchaînés à mes côtés, et dont la fille ne semblait pas se rendre compte qu’elle renversait sa bière sur moi, ni qu’il bousculait tout le monde autour. C’en était déplaisant… mais ça aussi, j’imagine, ça faisait partie de l’expérience U2.