Mieux vaut prévenir que guérir
Louise Robert
En mai 2013, Angélina Jolie a subi une double mastectomie afin de prévenir un cancer du sein. L’actrice a expliqué être porteuse d’une mutation du gène BRCA1, augmentant ainsi son risque de cancer. Il y a huit ans, c’est Louise Robert qui a fait ce choix, également afin de prévenir un risque élevé de cancer du sein. Six ans plus tard, la Montarvilloise est retournée sur la table d’opération, cette fois pour une ovariectomie. Témoignage.
« Nous, c’est le BRCA2, une mutation génétique, qui te prédispose au cancer du sein et au cancer des ovaires. Les risques sont élevés. J’ai appris cela il y a 10 ans, lorsque ma tante et ma cousine de 32 ans ont eu un cancer du sein. C’est jeune, 32 ans… », mentionne Louise Robert, en entrevue avec Les Versants. Elle continue : « À l’hôpital, les médecins ont suggéré aux autres membres de la famille de passer un test de dépistage génétique. C’est un examen à base volontaire, parce que ce n’est pas tout le monde qui tient à l’apprendre. Puisque c’est génétique, c’est pile ou face, c’est une chance sur deux. »
À la suite de ce dépistage, Louise Robert, sa mère et deux de ses tantes ont appris qu’elles portaient cette mutation du gène BRCA2. Même les hommes peuvent passer le test parce qu’ils sont aussi à risque. À cause de cette révélation, Louise est suivie à l’hôpital (mammographies, tests de résonance magnétique, biopsies). « Je n’ai pas eu le cancer. Mais j’avais de 60 à 80 % de risques de le développer. Après un an à vivre ainsi dans le stress, l’angoisse, l’anxiété, l’attente des résultats de biopsie, j’ai choisi la mastectomie complète. Je n’allais plus bien, je faisais des crises d’angoisse. C’est une décision difficile à prendre, et c’est une situation assez déstabilisante, troublante, même. Nous sommes habitués, en médecine, à nous faire prescrire des médicaments, à nous faire dire quoi faire. Mais ce choix-là, ça devait venir de moi. Seule moi pouvais décider. Mais maintenant que c’est fait, je suis heureuse et je le referais », explique la mère de trois enfants. La mastectomie s’est faite en trois interventions, sur une période d’un an.
Toujours afin d’éviter le pire, Louise Robert a subi une ovariectomie; les médecins lui ont retiré les ovaires et l’utérus. Elle se dit maintenant en ménopause de façon précoce afin d’éviter le cancer. « J’ai trois enfants. Ma famille était complète. Par contre, j’ai allaité et depuis la mastectomie, j’ai souvent l’impression d’avoir perdu un lien fort avec les enfants. Je m’ennuie d’avoir ma vraie poitrine. En tant que femme, se faire charcuter à ces endroits, c’est un gros deuil à devoir traverser. »
La tante et la cousine de Louise Robert vont bien. Sa mère avait un début de cancer, mais le dépistage génétique a permis de le trouver rapidement. En fait, il n’y a personne dans sa famille qui est décédé en raison de la mutation du gène BRCA2. « Une fois que nous sommes dans le système de santé, ça va bien. Nous sommes bien suivis et nous avons de bons médecins. À Montréal, la médecine est très avancée », ajoute-t-elle.
Si Louise Robert va bien aujourd’hui, si elle est en paix avec elle-même, c’est parce que son conjoint l’a soutenue dans son choix, parce que sa famille, ses enfants, l’ont aidée dans sa prise de décision. « C’était un cheminement. Si j’ai décidé de raconter mon histoire, c’est pour dire aux autres femmes qu’il y a une vie après. À un moment, on sort grandi d’une telle expérience. Je tenais à partager cela. »
Louise Robert a trois enfants, parmi eux deux filles, dont l’aînée a 15 ans. Ils pourraient, eux aussi, être atteints de cette mutation génétique. « Ils connaissent mon histoire, évidemment. Mais j’essaie de garder ça simple. À 18 ans, ce sera à eux de décider, si oui ou non, ils souhaitent passer le dépistage. D’ici là, peut-être que la médecine aura fait des avancées. Peut-être qu’il y aura une meilleure solution pour elles. C’est à souhaiter », indique la maman.
Depuis près de six ans, Louise Robert est propriétaire de la boutique Les Laines Biscotte, à Saint-Bruno-de-Montarville. Lors de sa convalescence, madame Robert a beaucoup tricoté en plus d’écrire un blogue. De fil en aiguille, le blogue est devenu une boutique. « J’ai laissé un bon emploi pour me lancer dans cette aventure avec mon conjoint. J’avais une chance de le faire; la vie est courte. Je me réalise dans quelque chose. Le tricot, c’est une passion. Après avoir traversé autant d’étapes, laisser un emploi bien rémunéré pour réaliser un rêve n’est pas si dramatique. C’est une fierté maintenant d’être impliqués dans la municipalité. »