Bien vivre ses différences

Mathieu Robinson

Mathieu Robinson est une personne spéciale. Une personne qui vit avec une déficience intellectuelle depuis sa naissance, le syndrome de Williams. Mais une personne d’abord et avant tout, avec qui le journal s’est entretenu.  

Il s’autoproclame « porte-parole » de l’Association de la Vallée du Richelieu pour la déficience intellectuelle (AVRDI), souhaite donner une bonne image de la déficience intellectuelle et prévient avant l’entrevue qu’il sera bien habillé parce qu’il a une réputation à l’AVRDI… C’est Mathieu Robinson. Il est âgé de 25 ans et travaille à nettoyer les machines d’exercice du Concept Cardio Plus Saint-Bruno. « Ce travail ne serait pas possible sans la confiance des patrons et des employés. Il y a une bonne chimie au gymnase. Je travaille avec Cindy, ma patronne, et quand elle sourit, c’est comme un rayon de soleil! » lance Mathieu Robinson, que le journal a rencontré.    

Mathieu s’exprime bien. Il a le sens de la répartie, de la suite dans les idées et il est déterminé. « Je ne me laisse pas abattre. Je n’abandonne jamais. Après une chute, je me relève toujours », explique le jeune homme. La directrice de l’AVRDI, Johanne Savard, est présente durant l’entrevue et confirme les propos de Mathieu. Elle ajoute aussi : « Mathieu représente bien le type de gens qui viennent à l’AVRDI, capables de s’exprimer et de parler des bienfaits de notre organisme. Ça n’a pas toujours été facile pour Mathieu. Il serait capable de faire davantage de choses s’il le voulait, mais c’est un joyeux luron! Je suis très fière de lui. À l’AVRDI, nous sommes tous fiers de lui. »  

Selon Mathieu, c’est grâce à Johanne et aux intervenants de l’AVRDI qu’il a su grandir avec la déficience intellectuelle. « Je ne savais pas ce que c’était avant. C’est ensuite que je l’ai su. Grâce à ces gens, aujourd’hui, je vis bien avec toutes ces différences. »

Aux parents d’enfants déficients intellectuels, Mathieu Robinson conseille ne pas rester dans leur coin, de sortir et de rencontrer les gens de l’AVRDI. Ceux-ci organisent d’ailleurs fréquemment des activités et des sorties d’intégration. Avec ces activités, Mathieu s’est d’ailleurs découvert un intérêt pour les arts. « Il aime chanter, il aime danser. Mathieu est très artistique dans sa façon de s’exprimer », d’ajouter Johanne Savard. D’ailleurs, parlant d’art, l’AVRDI organise parfois des miniproductions ou des reportages avec quelques-uns de ses membres. « Il faut qu’ils soient ouverts à cette forme d’expression. Devenir acteur, c’est une forme de jeu aussi. Les personnes qui vivent avec une déficience intellectuelle sont capables de tout faire; il suffit d’adapter leur environnement. » Ce qui nous amène à Gabrielle Marion-Rivard, qui a inspiré le film Gabrielle, et qui est elle aussi atteinte du syndrome de Williams. « Quand j’ai su qu’elle avait la même “identité” que moi, ça m’a aidé à m’ouvrir plus, à l’accepter », de poursuivre Mathieu. 

Madame Savard parle de la famille de Mathieu, qui a un frère, comme d’une belle famille, de parents présents, qui l’encadrent tout en lui laissant une latitude et en lui donnant des responsabilités. « Ses parents ont compris cette méthode. Les personnes qui vivent avec une déficience intellectuelle se doivent de développer leurs initiatives. C’est important de ne pas les infantiliser. »  

Mathieu Robinson fréquente les locaux de l’AVRDI, situés à Beloeil, depuis 2008. « Mon rêve, c’est que l’AVRDI ne ferme jamais, parce que c’est mon deuxième chez-moi. Quand quelque chose ne fonctionne pas, je peux en parler. Les intervenants ont une bonne oreille. Ils nous encouragent et privilégient le renforcement positif. La valorisation, la tape dans le dos, c’est quelque chose de très important pour nous. »

Le syndrome de Williams (ou de Williams et Beuren) est l’association d’un retard mental, d’une cardiopathie congénitale, d’un faciès et d’un comportement caractéristiques de l’individu affecté. Il existe également des anomalies diverses du tissu conjonctif, et il y a possible hypercalcémie.